NBJ Architectes vu par Anne Demians

Architecte, Fondatrice de l’agence d’Architecture Anne Démians, Paris, France

Elodie Nourrigat et Jacques Brion sont de ceux que rien n’arrête, jamais. Et si l’architecture est leur territoire principal d’expression, c’est parce qu’ils n’ont rien trouvé encore de plus inventif et de plus saisissant pour évacuer l’ignorance ou chahuter l’indolence des territoires du sud. Car, c’est bien contre l’ignorance et contre l’apathie qu’ils s’attaquent à chaque fois qu’ils croisent la matière morte des administrations cotonneuses, les peurs-de-tout ou les aventuriers froussards, nés de la grande Comédie. Tout en s’attaquant concomitamment à cet enfermement têtu, contre lequel ils guerroient inlassablement, pour exalter la libre circulation des disciplines complexes et consacrer les points de vue contraires. Ils opèrent sur le terrain, avec insistance et détermination, fixent les règles, les déplacent, les opposent à l’inertie et les hybrident, nouvelle tendance, sous la forme d’une pulvérisation festive : Le Festival des Architectures vives. Œuvre majeure, pièce en deux actes, montée de toute pièce et unique au monde, dans son genre. Le cœur de leur œuvre, ce sont tous ceux qui jouent dans cette grande cour. Ils viennent par milliers, les envahisseurs de cette foire du croisement improbable entre les arts, l’architecture et l’histoire, surfant sur l’universalité du désir.

Ils sont coréens, anglais, australiens, chinois, italiens, japonais, bretons, andalous, suédois, bavarois, grecs, crétois ou parisiens, venant de loin, à dos de mulet ou en pédalo, à cette kermesse d’un nouveau genre, comme s’il n’existait rien d’autre d’aussi important sur la planète Architecture pour montrer, grandeur nature, qu’on peut , avec sérieux, avoir la tête dans les nuages. Elodie et Jacques, on les voit construire des tas de choses importantes qui ressemblent à des habitations du sud, à des hangars pour hélicoptères au repos, à des universités infinies, à des maisons pas bleues, mais adossées à la colline. Mais, ça ne leur suffit pas. Elodie et Jacques, on les voit courir d’Ecoles en Universités, ramasser des prix importants aux titres américanophones imprononçables, répondre à des interviews dans tous les jargons, exposer de Gênes à Melbourne, de Detroit à Barcelone, une attitude française, sans que la France le sache. Mais, ça ne leur suffit pas. En voilà donc deux qui, comme s’ils avaient compris qu’attendre était une maladie du sommeil, s’en sont allés réveiller la terre entière avec l’appui de ses jeunes pousses, tout en continuant de bâtir. La vérité est bien de leur côté, car à force de patienter trop longtemps dans une salle d’attente de Palais enlisés, on finit par toujours par s’abandonner au distributeur automatique de friandises et terminer idiot sur un Kinder Bueno.

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